Islamisme : “Nous sommes trop naïfs et trop faibles”, estime Sarkozy
Politique. Dans une interview au “Point”, l'ancien président dresse un constat cru du combat contre l'islamisme.
Cinq ans aux plus hautes fonctions, puis un certain recul sur la sphère publique, ont semble-t-il rendu Nicolas Sarkozy plus lucide. Dans un long entretien accordé au Point, le chef de l'État qu'il a été évoque sans ambages plusieurs sujets d'actualité. Parmi ceux-ci, la lutte contre l'islamisme, que l'Europe combat depuis plusieurs années maintenant sans parvenir pour autant à l'endiguer totalement.
« Hotspots » et « conditionnalité migratoire »
Et de détailler ses solutions face à ce défi d'envergure : « Il faudra ajouter à cela des hotspots, une conditionnalité migratoire dans nos relations avec les pays d'origine et de transit, et le plus grand plan d'aide au développement de l'Histoire à destination du continent africain, ce que j'ai appelé un « plan Marshall » pour l'Afrique. Pour l'Europe, aider l'Afrique à se développer n'est pas une question de charité, c'est un impératif stratégique majeur. Cela profitera aussi à nos économies. Car, si l'Europe donne de l'argent pour la construction des infrastructures de l'Afrique, il est normal que les entreprises européennes y soient associées en priorité, ce qui impliquera une profonde réforme du droit européen de la concurrence. On me dit que ça va coûter cher. Mais tout cela coûtera beaucoup moins cher que de ne rien faire et d'assister, impuissants, à ce désastre !»
« Il est dangereux de s'inscrire en donneurs de leçons »
« Ne donnons pas de leçons à l'Italie : vous croyez que ce qui arrive là-bas ne peut pas se produire ici ? Les mêmes causes peuvent produire les mêmes effets. C'est pourquoi, une fois encore, il est dangereux de s'inscrire en donneurs de leçons. Ne nous figurons pas qu'il existe en Europe des gens intelligents qui mèneraient une « bonne » politique et d'autres qui n'auraient rien compris. Le seul chemin acceptable est d'arrêter de parler de populisme et de comprendre la colère ou les frustrations des peuples pour les transformer en énergie positive, pour construire l'avenir de notre continent », déclare ainsi Nicolas Sarkozy.